La prostitution domestique...

J'avais 20 ans quand je me suis mariée.  Léo était un bel homme, il semblait fou amoureux, me faisait mille et une promesses, me regardait comme si j'étais un bijou précieux et me traitait comme si j'étais une princesse. Je souhaitais avoir mes enfants jeunes, et je suis vite tombé enceinte.  Je travaillais pour Léo, qui avait sa propre entreprise, et j'étais si fière de lui, de nous, de notre vie.  Je jouais à la femme de maison et ça me comblait.  Il appréciait mes multiples attentions, mes repas, ma capacité à rendre la maison propre, belle, accueillante.  Nous étions un modèle pour bien des gens, nous étions heureux.

Puis bébé est née.  J'étais en extase au début.  Puis j'ai fait une dépression post-partum.  Léo n'a pas apprécié.  Il me disait de me botter le cul, de me relever, de m'arranger seule avec notre fils, puisque ma mère était souvent présente, consciente de la profondeur de ma détresse.  J'étais malade, mais j'avais honte. J'ai pris des médicaments en cachette.  J'avais honte.  Léo a vu des femmes en cachette, mais il se cachait mal, et je me disais qu'il en avait bien le droit au fond, j'étais si lamentable.  

Et j'ai repris le dessus.  Je suis redevenue coquette, efficace et amoureuse.  Léo aussi.  Notre fils était notre fierté.  Nous formions une belle famille.

Il voulait un autre enfant.  Pas moi.  Ça à créé des conflits.  Mais bon, il a accepté ma décision et pendant un moment, tout allait bien.

Alors j'ai eu le cœur brisé quand j'ai compris qu'il voyait encore d'autres femmes.  Et je lui en ai parlé.  Et il a nié.  J'avais des preuves.  Il m'a traité de folle.  

Ça s'est mis à aller de plus en plus mal quand ma mère est morte.  C'était la seule personne de qui j'étais proche.  Mon cercle social était celui de Léo.  Je me suis concentré sur mon rôle de mère.  Les années ont passé.  Je suis une maman bien en vue, impliquée à l'école et dans la communauté.  Mon fils est heureux. On fait l'envie de bien des gens.

Je n'aime plus Léo et il ne m'aime plus.  Il me trompe, me méprise un peu, pas trop, mais quand même, jamais devant notre fils heureusement.  Aux yeux de tous on est une belle famille.  On a de l'argent, un enfant bien élevé, je n'ai pas à travaillé, d'ailleurs Léo ne veut pas.  

Mais je suis malheureuse.

Et je ne le quitte pas.

Parce que je suis habitué à ce train de vie.

J'ai peur de la vie sans lui.  Je sais que j'aurais droit à une pension, mais il fait la plupart de son argent à l'abris de l'impôt, je serais beaucoup moins à l'aise que maintenant. Ma vie amoureuse est laide, mais j'ai une belle maison, une voiture qui fonctionne à merveille et une carte de crédit que Léo règle sans jamais rien dire. Je n'abuse pas non plus, mais ça me sécurise.

Il ne m'achale pas trop avec le sexe.  Juste quand il a bu.  C'est pour ça que ça ne me dérange pas qu'ils voient d'autres femmes, ça m'épargne, car je n'aime plus le sexe. 

Je suis une prostituée au fond.  Je suis la pute de mon mari.  Les apparences sont sauves même si on ne s'aime plus.  Il achète la paix.  Il m'achète.  Et je me laisse faire.  Parce que je ne sais pas comment faire autrement... Alors je bois, et je prends des médicaments.

2 commentaires:

  1. Jusqu'à ce qu'il se tanne et qu'il la foute dehors. Alors, il faudra bien qu'elle se réveille et qu'elle réclame son dû.

    Je n'irais pas jusqu'à dire qu'elle se prostitue. Elle se sent déjà si nulle. Pas besoin d'en rajouter. Non?

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  2. Elle a l'impression de se prostituer, car même si elle est consciente de la misère qu'elle endure, elle est porté à vouloir faire taire sa conscience, à avoir peur de partir, puisqu'elle n'a rien connu d'autre... C'est vrai, en ce sens, que le langage qu'elle tient est un peu celui d'une femme prise dans la prostitution, mais d'une femme qui peut en sortir, si elle a le soutient nécessaire. Elle sait maintenant ou s'adresser, à elle de faire le reste, c'est difficile, mais je suis certaine qu'elle peut y arriver.

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