J'ai écrit ça, après avoir jasé avec une fille qui s'en ai sorti, c'est le message qu'elle souhaite transmettre, à celles qui voudraient se lancer dans la prostitution...
J'ai tout fait. Des photos et des vidéos, qui traîne encore partout et dont je n'ai pas toujours pu vérifier l'anonymat, de la domination, des danses, des soirées ''d'accompagnement'', des trippes à plusieurs, des salons de massages top classes et des salons miteux, des journées de 10 clients et des fins de semaine avec le même, des 30$ du 15 minutes aux 1000$ pour une heure...
J'ai tout fait. Des photos et des vidéos, qui traîne encore partout et dont je n'ai pas toujours pu vérifier l'anonymat, de la domination, des danses, des soirées ''d'accompagnement'', des trippes à plusieurs, des salons de massages top classes et des salons miteux, des journées de 10 clients et des fins de semaine avec le même, des 30$ du 15 minutes aux 1000$ pour une heure...
J'ai été indépendante et j'ai travaillé pour d'autres, je me suis cherché des chauffeurs et de la protection, ça finissait toujours par être n'importe quoi...
De la protection... Mon cul ouais... Ça n'existe pas dans ce domaine, le gars qui te protège n'est pas à coté de toi pendant que tu baises un client et qu'il décide que lui, il s'en fout que tu veuilles pas sa queue dans ton cul... Ou qu'il te chuchote à l'oreille que t'es une salope, une ci, une ça, en te tirant les cheveux, alors qu'il avait l'air doux et gentil au début. Et le gars supposé te protéger, il s'en calisse de toi, c'est ton cash qu'il veut, et toi peut-être, gratuitement, parce qu'après tout, il le mérite bien non...
J'ai tout fait, pour trouver la façon qui me convenait, pour être bien la dedans, parce qu'il n'y a que ça qui me semblait assez payant pour les dettes qui me submergeaient, pour gâter mes enfants qui avaient tant souffert de la rupture, pour aider ma grand-mère qui n'avait que moi...
J'ai beaucoup connu aussi... Le harcèlement, le manque de respect, la drogue dans mon verre, le viol plus ou moins sauvages, le jugement des policiers, médecins et autres professionnels, le mensonge des gens supposés me protéger, me conduire, me représenter, m'aider...
En bout de ligne j'ai payé mes dettes, c'est toujours ça. Et j'ai vécu aisément, sur le plan financier, pendant quelques années.
Mais tout le coté sombre qu'on ne veut pas voir quand on commence, auquel on refuse de croire quand on est pas dedans, ça m'a miné. Comme aucun travail ne peut miner quelqu'un...
Tu suces, tu masses, tu t'écartes, tu écoutes, tu caresses, tu consoles, tu donnes, tu donnes, tu donnes...
Tu fais semblant d'aimer ça quand un homme veut te faire jouir, mais tu jouis pas, parce que t'es pas là, faut que ton esprit se sépare de ton corps pour y arriver, parce qu'il y en a trop qui t'ont caressés comme on caresse une belle voiture, qui t'ont mangé comme on mange un burger, qui t'ont complimenté comme on complimente un chien, un enfant, un employé au mieux...
Tu t'accroches à ceux avec qui t'es bien pour vrai, il y en a toujours. Tu continues pour les revoir eux, parce que t'as l'impression qu'eux, ils ont besoin de toi aussi, et vice versa, qu'ils te respectent en tant que femme, pas en tant que pute... T'as l'impression que c'est plus qu'un échange professionnels. Mais un jour tu réalises que non.
T'es juste la pute qu'ils aiment le plus.
Et si tu pars, ils vont te remplacer.
Ou t'harceler.
J'ai eu mal quand j'ai réalisé que j'avais plus d'estime.
J'ai eu peur, si souvent, que c'est devenu un état permanent...
J'ai voulu mourir.
J'aurai toujours un peu mal sans doute, ce mal sournois, qu'on ressent toujours un peu en soi, en oubliant pourquoi, comment, depuis quand... Auquel on s'habitue, parce qu'il le faut bien.
J'aurai toujours peur. De tout et de rien. Ou peut-être pas. Je me fais soigner. Peut-être que ça se soigne...
J'ai une amie qui s'est fait violé à quelques reprises par un patron qui pourtant se payait des putes. On se comprend. Je me sens violé aussi.
Même si je disais oui, parce que c'est pour que je dise oui qu'on me payait, je me sens violé, parce que j'ai fait un tas de choses, à un tas d'homme, que je ne désirais pas leur faire. C'est pas un métier la prostitution, c'est un viol, et un autre, et un autre, c'est de l'esclavage, pur et simple... T'as beau essayé de choisir tes clients, desfois t'as pas le choix d'en prendre un qui te tente pas. Et ça c'est pas humain.
Couché avec quelqu'un sans en avoir envie, c'est dégueulasse.
Je sais que des tonnes de femmes comprennent un peu, parce qu'elles le font avec leur mari ou conjoint. Mais imagine maintenant que tu le fais avec plusieurs hommes... Ça devient lourd. Si lourd.
Et t'oses pas arrêter, tu vas faire quoi après? T'as plus l'estime qu'il faut pour te trouver autre chose, tu vas dire quoi aux gens qui vont te demander ce que tu faisais avant...
T'as l'impression que c'est écrit dans ton front que t'as fait ça, et même si tu l'assumais au début, que t'aimais ça et que tu te sentais libre, maintenant tu te sens prisonnière, minuscule, t'as l'impression que partout tu vas croiser un client qui va te faire une offre, juste au moment ou t'arrives justement pas...
Alors t'arrêtes pas. Ou t'arrêtes, parce que t'es plus capable. Et t'es pauvre, mais c'est mieux...
Et tu réalises ce que t'as perdu en bout de ligne. Du monde, parce que tu arrivais plus à les aimer comme il faut, des amis, parce qu'eux le voyaient que t'étais malheureuses, et pouvait plus te voir te détruire, ton estime, parce que c'est pas vrai que c'est valorisant, des années de vie, ou t'aurais pu être pauvre peut-être, mais bien...
Et tu te dis que t'aurais du te geler, pour pas prendre conscience de l'absurdité de ''ta job'', que t'aurais du faire comme tant d'autres, te geler, ou faire n'importe quelle conneries qui t'aurait permis de pas réaliser que t'étais malheureuse.
Ou que t'aurais juste jamais du croire celles qui disent que c'est merveilleux, jamais commencé, jamais te taper ce premier client, qui a tout déclenché...
T'aimerais n'avoir jamais pris conscience du vide que ça te faisait ressentir, de la tristesse qui t'envahissait, de la peur... Des hommes, de leur femme, des foules...
Parce que c'était tellement plus facile te faire croire que t'aimais ça être un objet sexuel, que réaliser que ça te blessait dans tout ton être...
Je ne veux plus mourir.
Parce que j'ai un but.
Je veux faire comprendre aux filles qui y songent que non, c'est pas la bonne solution.
Même si t'es open, à l'aise sexuellement, droite, ajun, forte.... Même si quelqu'un te promet que tu vas juste danser, juste être serveuse et qu'il va te protéger...
C'est pas une solution. C'est une destruction...
C'est pour ça que je vis, pour prévenir les autres femmes, et pour mes enfants. Je les aime. C'est les seuls être humains auxquels je suis encore profondément attaché. Je ne crois plus les autres humains. J'ai du mal à aimer et à croire qu'on puisse m'aimer, mais je suis chanceuse, y'a des gens qui m'aiment et mes enfants m'ont maintenu en vie.
Sinon j'aurais fait comme tant d'autres femmes l'ont fait avant moi, je n'aurais pas survécu à cet enfer...
J'y ai survécu... Mais ça à bouleverser ma vie, mon existence, mon être, mon âme, pour la vie...
Si tu penses t'y mettre, même à temps partiel, même occasionnellement, même en imposant tes limites, même dans les meilleures conditions possibles, dis toi qu'on s'est toutes dit ça au début. Et crois pas celles qui te disent être bien, c'est peut être vrai, peut être que non, mais si c'est vrai, c'est une exception, et si t'es pas l'exception, tu vas souffrir.
Y'a d'autres solutions... T'as peut-être de la misère à arriver, mais c'est moins pire qu'avoir de la misère à t'aimer, et si t'es déjà démolie et que tu te dis que ça peut pas être pire, y'a des solutions pour te reconstruire au lieu de te détruire encore plus...
Aucun commentaire:
Publier un commentaire